Éthiopie : Une paix dans l’impasse ?

Par Sonia Le Gouriellec
Bulletin du Centre FrancoPaix en résolution des conflits et missions de paix | Vol. 5 no 10

  • Le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a reçu en 2019 le prix Nobel de la paix. En novembre 2020, il est apparu à la télévision en tenue martiale afin d'annoncer le lancement d’une attaque militaire punitive contre l’une des régions de son pays, le Tigray.
  • Pour comprendre ce conflit entre le Tigray People's Liberation Front (TPLF) et le pouvoir central éthiopien, il faut s’intéresser aux racines profondes du conflit. Est-ce la crise de l’État qui a mené à cette situation ou ce sont les différentes demandes d’autodétermination des régions qui ont conduit à la crise de l’État éthiopien ?
  • Dans ce bras de fer, le premier ministre avait deux options devant lui : dialoguer et reconnaître le gouvernement du Tigray comme entité autonome et égale tout en créant un précédent qu’auraient pu faire valoir d’autres régions, ou rétablir par la force la loi et l’ordre fédéral au risque d’en payer un coûteux prix politique.
  • Aujourd’hui, c’est l’ordre constitutionnel et l’avenir de l’Éthiopie en tant qu’État qui sont en train de se jouer, avec un pouvoir central historiquement contesté par des forces centrifuges.
  • Depuis 2018, Abiy Ahmed a initié des réformes importantes et à très grande vitesse dans le secteur économique, mais a aussi libéralisé en partie le champ politique. Il a dissous la coalition au pouvoir et créé le Parti de la prospérité que le TPLF n’a pas intégré.
  • On a longtemps pensé que le fédéralisme était une solution en Éthiopie et que les conflits prenaient racine dans des problématiques d’intégration plutôt que dans des volontés de sécession.
  • La force n’est pas une solution durable face aux défis que doit relever l’Éthiopie. Les risques sont grands et l’unité semble aujourd’hui une chimère. C’est aux Éthiopiens de redéfinir leur mode de vie ensemble. L’instauration d’un dialogue national est essentielle.

Également dans ce bulletin, section décryptage : « Bobi Wine et les élections ougandaises de 2021 » par Mathilde Grandgonnet

Décembre 2020
En savoir plus