La confrérie des chasseurs traditionnels dozos en Côte d’Ivoire: enjeux socio-culturels et dynamiques sécuritaires

Par Fahiraman Rodrigue Koné
Centre FrancoPaix en résolution des conflits et missions de paix | Rapport de recherche

L’arrivée des Dozos sur la scène publique en Côte d’Ivoire est historiquement située et s’est construite autour de l’affaiblissement de l’appareil sécuritaire de l’État au tournant des années 90 et des crises politico-militaires à répétition dans le pays à partir de 2000. S’adossant au cadre traditionnel qui leur reconnaissait la fonction et la mission de protection des populations dans les communautés mandingues, ils ont habilement manipulé la symbolique ancestrale, les croyances populaires à leurs supposés pouvoirs mystiques et le capital vertu dont ils sont affublés, pour saisir les opportunités d’un marché sécuritaire en croissance.
 
Cette intervention dans le champ sécuritaire et politique n’est pas sans conséquences. Si les Dozos se sont bâtis une réputation positive reconnue de tous dans la lutte contre l’insécurité dans les années 90, leur engagement politico-militaire a fortement dégradé le capital « confiance » dont ils jouissaient. Du fait de cet engagement, la question dozo est devenue l’un des vecteurs de la polarisation ethno-politique de la société ivoirienne.
 
L’influence de la confrérie dans le système sécuritaire est bien réelle. Elle est perceptible à travers une culture dozo présente au sein des forces de sécurité, notamment dans les imaginaires et les pratiques associés à la « mystique » dozo. Enfin, les associations continuent de collaborer avec les autorités sécuritaires même si officiellement cette relation ne repose sur aucune base légale. Cette relation informelle, salutaire dans certains cas où les forces officielles sont insuffisantes, soulève toutefois des préoccupations dans la mesure où elle se déroule en dehors d’un cadre juridique, avec le risque d’abus.

ISBN : 978-2-922844-88-7
Juin 2018
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