Processus de paix au Mali : prendre la mesure de l’impasse actuelle et préparer le dialogue pour l’avenir

Par Anne Savey et Marc-André Boisvert
Bulletin du Centre FrancoPaix en résolution des conflits et missions de paix | Vol. 10 no 4 et 5
Dix ans après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, son échec est entériné et les perspectives de dialogue paraissent lointaines. La trajectoire guerrière du régime est une impasse, tout comme l’illusion d’une paix des vainqueurs ou d’une normalisation conservatrice qui pourraient reposer sur des négociations transactionnelles marginales pour garder le pouvoir à Bamako au détriment des périphéries — ou plutôt du reste du pays tant toutes les régions sont désormais impactées par le conflit. Pourtant, il n’y a pas de meilleure alternative à l’option du dialogue pour répondre aux enjeux politiques et sécuritaires.
Préparer le dialogue pour soutenir la paix et la réconciliation au Mali est impératif, y compris dans la période sombre actuelle marquée par l’aggravation alarmante des violences contre les civils et la suppression des libertés publiques. Des enseignements peuvent être tirés du processus des années 2013-2023. Plutôt que de se demander « de qui est-ce l’échec », le texte propose de questionner « de quoi est-ce l’échec », pour analyser quelques éléments clés du processus.
La résilience des liens, la diversité des canaux et les capacités d’adaptation révélées au cours de la dernière décennie constituent encore des atouts pour renouveler un dialogue durable. Pour éclore, celui-ci aura besoin d’une arène politique ouverte à la transformation et au dissensus. Il devra s’inscrire dans le temps long et à plusieurs échelles. Un appui international adapté pourra l’accompagner.
Avril-Mai 2025En savoir plus