Sahel : la gouvernance contreinsurrectionnelle
Par Bruno Charbonneau
Bulletin du Centre FrancoPaix en résolution des conflits et missions de paix | Vol. 5 no 1
- Au Sahel, l’année 2019 a été sans nul doute la plus violente et la plus meurtrière depuis le début de la crise malienne en 2012.
- La France a été particulièrement ciblée par les critiques (médiatisées), notamment par des groupes maliens organisés, au point tel que le président Emmanuel Macron convoquait ses homologues du G5 Sahel au sommet de Pau, tenu le 13 janvier 2020.
- L’acharnement contre-terroriste au Mali et au Sahel a depuis longtemps montré ses limites, sinon sa contribution à la détérioration de la situation.
- Le problème n’est pas de proposer des solutions politiques en soi, mais bien de comprendre la solution politique qui est mise en œuvre, qui est déployée et qui s’exprime au travers des pratiques contre-insurrectionnelles au Sahel.
- L’engagement militaire international au Sahel est ancré dans une pensée contre-insurrectionnelle qui est largement inspirée des expériences des armées françaises en Afrique, en particulier pendant la période coloniale.
- Gagner les cœurs et les esprits, c’est concevoir les populations autant comme un corps social vulnérable, à risque et à protéger, qu’un corps d’où émergent les risques, les dangers et les menaces.
- Ainsi, les opérations militaires ne devraient pas être conçues comme des activités techniques, distinctes de la sphère politique, permettant (selon la théorie) l’espace et le temps utiles à l’activité politique. Il faut plutôt considérer la stratégie militaire dans son action et ses conséquences politiques, du moins si l’on espère comprendre ses échecs et ses limites au Mali et au Sahel.
- « L’approche globale » telle que préconisée au Mali participe à la construction et à la consolidation d’ordres politiques locaux et sous-régionaux. Bien que ces ordres politiques soient en cours de consolidation ou toujours contestés, leur existence est, bien sûr, en contradiction avec les objectifs de restaurer l’autorité de l’État malien, de sauvegarder son intégralité territoriale et de favoriser la réconciliation nationale.
En savoir plus