Frontières, murs et violence : fortification des frontières, coûts et alternatives
Par Zoé Barry et Andréanne Bissonnette
Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques | UQAM
Chaque semaine amène l’annonce de la construction d’un nouveau mur frontalier : Kenya/Somalie, Tunisie/Libye, Hongrie/Serbie, Turquie/Syrie… De nouveaux remparts sont érigés, dans la foulée du 11 septembre, du printemps arabe et du conflit syrien, pour prévenir, enrayer, selon les discours officiels, l’immigration illégale, la contagion terroriste, le trafic. Pourtant, à la chute du mur de Berlin, le monde paraissait avoir changé. La foule en liesse dansait porte de Brandebourg, l’Allemagne allait être réunifiée, le monde allait sortir des tensions de la guerre froide. La décennie des années 90 amenait avec elle l’idée d’une paix durable, d’un monde pacifié. Le Canada portait des valeurs novatrices autour du droit d’ingérence, de la sécurité humaine, de la responsabilité de protéger. L’heure était à un monde sans frontières, au dépassement des souverainetés, obsolètes, à un village planétaire porté par la mondialisation. Mais le 11 septembre a sonné le glas de ces aspirations, refermant les États comme des huitres, les frontières comme des pièges. Désormais, les frontières ne sont plus des lignes, ni même des interfaces. Elles ne sont plus souples et poreuses, elles sont dures et agressives. À la frontière, la nouvelle norme est celle d’une violence latente.
Quel rôle le mur frontalier joue-t-il dans l’établissement de la sécurité ou de l’insécurité? Est-ce que les murs frontaliers alimentent la perception d’insécurité autant qu’ils réduisent les peurs et créent une sensation de sécurité pour ceux qui demeurent « derrière la ligne »? En quoi la fortification de la frontière et sa « technologisation » permettent-elles de redéfinir la sécurité interne et internationale des États et des populations concernées? Quel en est le coût, humain et économique? Qui en bénéficie? Comment les régions affectées se reconstruisent-elles, et se redéfinissent-elles?
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